
Mémoires et identités autochtones dans l’aire amazonico-caraïbe : entre confrontations, émergences et ruptures
22 mai | 8h45 - 23 mai | 17h30 CEST
Depuis les années 1980, les peuples autochtones du bassin amazonien et des Antilles ont fait l’objet d’un intérêt renouvelé de la part des chercheurs en sciences humaines qui ont apporté des éclairages nouveaux, tranchant souvent avec les traditions historiographiques anciennes. Ces travaux ont notamment permis une réévaluation des écrits des voyageurs, des missionnaires et des administrateurs coloniaux des XVIe-XVIIIe siècles, longtemps considérés comme des témoignages objectifs et infaillibles sur les populations amérindiennes. En outre, la multiplication des lieux d’observation – la culture matérielle, les faits de langue, les phénomènes socio-politiques, etc. – a conduit à mettre en évidence le fort degré d’imbrication des pratiques quotidiennes entre les groupes autochtones insulaires et continentales, mais aussi avec les populations allochtones d’Europe et d’Afrique, et ce, bien au-delà des seuls antagonismes amplifiés par les sources coloniales. À l’opposé d’une perception dichotomique, l’entremêlement et les dynamiques de cohabitation ont donné lieu, d’une part, à l’émergence de nouvelles identités et pratiques et, d’autre part, à la continuité des sociétés dans leur diversité comme à des formes variées de ruptures.
La dimension inter-régionale de ce colloque interdisciplinaire, organisé par Paula Prescod (CERCLL – UPJV UR 4283 ) & Benoît Roux (ERIAC – URN UR 4705) avec le soutien de l’Institut des Amériques, la MESHS Lille Nord de France (UAR 3185) et l’IRIHS (FED 4137), nous aidera à définir les réseaux tissés par les peuples autochtones des Amériques, notamment de l’Amérique du Sud et des Caraïbes, voire de l’Amérique centrale. Les perspectives historiques, évolutives et contemporaines des spécialistes en anthropologie, en archéologie, en ethnologie, en histoire, en linguistique et en sociologie, permettront de mieux saisir les multiples facettes de la transmission historique et culturelle, de la construction des identités et des modes d’interprétation de la mémoire patrimoniale des autochtones.
Les études présentées lors de ce colloque porteront sur la (non-)transmission de l’histoire et de l’héritage des autochtones dans la zone caribéenne et sur les enchevêtrements culturels. Elles chercheront à définir les réseaux tissés par les autochtones qui ont donné lieu à des résistances à la domination et à l’acculturation, mais aussi à des contacts
culturels et à des échanges interethniques et interterritoriaux. Enfin, elles interrogeront les manières dont le patrimoine immatériel des autochtones est aujourd’hui détenu est perçu et s’interprète.
Programme
21 mai 2025
Amiens
Arrivée des participants, visite des Hortillonnages d’Amiens & dîner informel
22 mai 2025
Université de Picardie Jules Verne (Pôle universitaire Citadelle, salle F112)
8h45 — Accueil des participants
9h00 — Ouverture (Christine Meyer, directrice du CERCLL, Amiens ; Paula Prescod & Benoît Roux, organisateurs)
9h30 — Nicholas Faraclas en collaboration avec Adam Crepelle, Santiago Ruiz, Joshua Arana, Melinda Maxwell, Fernando Alvarado & Cesar Sabio (Universidad de Puerto Rico en Río Piedras, Porto Rico & University of Chicago, USA), « Reconfiguring our matrices for understanding Indigenous entanglements along the Amazon/ Orinoco/ Caribbean/ Gulf/ and Mississippi Mega-Corridor before European Invasion »
10h00 — Jessica Fernandez Norales (Universidade de Lisboa, Portugal), « Garifuna counter-narratives: Identity, territory, and self-determination in the Central Ameri-Caribbean »
10h30 — Paula Prescod (Université de Picardie Jules Verne, France), « De Aoüachágoni à Kingstown : entremêlement et dynamiques de cohabitation à travers la toponymie »
11h00 — Pause
11h15 — Ons Barnat (Université du Québec à Montréal, Canada), « La paranda garifuna en Amérique centrale : de sa redécouverte à son internationalisation grâce au studio d’enregistrement »
11h45 — Vikram Tamboli (Smithsonian Institute – NMNH, USA), « Seeds of Power: Poisoning and Ritual Dance in the Indigenous Caribbean and Amazonia »
12h15 — Déjeuner
14h00 — Andrea E. Leland (Réalisatrice indépendante, USA), « The making of two films about the Garifuna of Belize and St. Vincent »
15h00 — Egbert Higinio (Merritt College, USA), « A phenomenological approach to the study of the documentary Yurumein-homeland, a philosophical propaedeutic? »
15h30 — Pause
15h45 — André Delpuech (École des hautes études en sciences sociales & Muséum national d’Histoire naturelle, France),
« Amérindiens des Caraïbes : d’une exposition (1994) à une autre (2025) »
16h15 — Benoît Bérard (Université des Antilles, France), « Archéologie des identités et mémoires amérindiennes dans les Antilles »
18h28 — Départ pour Rouen
19h56 — Arrivée à Rouen
20h30 — Dîner à Rouen
23 mai 2025
Université de Rouen Normandie (Maison de l’Université, salle divisible)
8h45 — Accueil des participants
9h00 — Mot de bienvenue (Marie-José Hanaï & Sylvaine Bataille-Brennetot, directrices de l’ERIAC, Rouen)
9h30 — Gérard Collomb (Chercheur associé au Laboratoire d’Anthropologie Politique (CNRS-EHESS), France), « Amérindiens sur les missions jésuites en Guyane : tactiques d’accommodation et stratégies d’appropriation »
10h00 — Martijn Van den Bel (Institut national de recherches archéologiques préventives, France), « Résistances amérindiennes dans les colonies du Suriname et de Cayenne au XVIIe siècle »
10h30 — Maxime Martignon & Benoît Roux (CY Cergy Paris Université & Université de Rouen Normandie, France), « Objets et récits d’objets dans des lettres inédites du jésuite Jean de La Mousse »
11h00 — Pause
11h15 — Frédéric Blanchard (Collectivité Territoriale de Guyane, France), « Des communautés amérindiennes de basse-Amazonie aux cabinets de curiosités européens : trajectoires mouvementées des muiraquitas et autres pierres vertes »
11h45 — Stéphen Rostain (Centre national de la recherche scientifique, France), « L’épée de bois contre la plume de fer »
12h15 — Silke Jansen (Friedrich-Alexander-Universität Erlangen-Nürnberg, Allemagne), « La tradition orale des Kalinagos – une approche comparative des sources ethnolinguistiques »
12h45 — Déjeuner
14h30 — Stéphanie Brunot (Université Paris Cité, France), « « Jugar la cultural » : négociations des pratiques linguistiques et musicochorégraphiques des jeunes garifuna (11-17) au sein d’un centre EIB (Éducation Interculturelle Bilingue) hondurien »
15h00 — Andoni Castillo Perez (UNESCO Research Commission, Grande-Bretagne), « Les Garinagu, une figure de la résistance afro-caribéenne de 1635 (?) à nos jours »
15h30 — Pause
16h00 — Ernesto Mercado-Montero (Dartmouth College, USA), « Imperial claims of possession and Kalinago sovereignty in the late seventeenth century »
16h30 — Marcela Maria Perdomo Alvarado (University of Pittsburg, USA), « Dugu et la Mémoire de l’Exil : Possession et Conscience Historique chez les Garifunas du Honduras »
17h00 — Conclusions du colloque