Autour d’Antoine Culioli
28 novembre | 14h00 - 29 novembre | 12h00 CET
Soucieux de délimiter le domaine de la linguistique de l’énonciation, définie comme l’étude de l’activité de langage à travers les langues, les textes et les situations, Antoine Culioli n’en affirmait pas moins que le linguiste, pour autant qu’il s’intéresse à la cognition – en y incluant la dimension des affects – devait être « à la fois “linguiste-linguiste” et “linguiste pas seulement” »[1]. L’impératif épistémologique allait de pair avec une volonté de promouvoir l’interdisciplinarité dans la recherche scientifique et dans la formation.
La linguistique de l’énonciation, qui a reçu le nom de Théorie des Opérations Énonciatives ou de Théorie des Opérations Prédicatives et Énonciatives, s’est nourrie d’une vaste culture et de multiples lectures dans des domaines variés : philosophie, mathématiques et logique, anthropologie, psychologie, psychanalyse, neurosciences, biologie, etc., et elle a été alimentée par des échanges avec des penseurs d’horizons divers. Culioli ne manquait pas de faire remarquer que la linguistique n’était pas la seule discipline à traiter du langage et qu’il fallait s’intéresser aux disciplines dites connexes.
Le dialogue entre disciplines et savoirs s’est notamment traduit par la tenue du fameux B.C.G., séminaire animé conjointement, durant de nombreuses années, par le psycholinguiste François Bresson, le logicien Jean-Blaise Grize et le linguiste qu’il était. Mentionnons, entre autres, le travail en commun de Culioli, à ses débuts, avec Michel Pêcheux et Jean-Pierre Desclés, ou encore, pendant un temps, sa collaboration avec le psychanalyste Jean Laplanche, ainsi que sa proximité de pensée, de longue date, avec l’indianiste Charles Malamoud.
Ainsi derrière des études de cas de « micro-linguistique » se profile le souhait de saisir le « fait total » du langage. Cette aspiration, qui est aussi l’expression d’un principe scientifique, est plus manifeste dans les propos liminaires ou conclusifs des analyses, dans des mises au point sur l’itinéraire suivi, des conférences ouvertes à des non-linguistes, des entretiens.
Si de nombreux travaux en linguistique se réclament de la TOPÉ ou se placent dans le sillage de la réflexion de Culioli sur le langage et les langues, donnant lieu à des publications et des rencontres scientifiques, il nous paraît important, pour soutenir et développer la linguistique de l’énonciation telle qu’elle a été définie par Culioli, de la questionner dans ses fondements, ses applications, ses marges et ses extensions.
Colloque co-organisé par Francesco La Mantia (Université de Palerme), Dominique Ducard (Université de Paris-Est-Créteil, CÉDITEC) et Catherine Filippi-Deswelle (Université de Rouen Normandie, ERIAC).
[1] « Table ronde avec une intervention d’Antoine Culioli », Contributions à l’École d’été de la Société Suisse de Linguis-tique, Sion, 6-10 septembre 1993, ARBA 3, Lüdi Georges et Zuber Claude-Anne, éds, 1995. En ligne : https://edoc.uni-bas.ch/90667/
Programme
Jeudi 28 novembre 2024
14h00 — Accueil des intervenants et des personnes inscrites au colloque
14h20 — Présentation des salutations de représentants officiels du Département de Philosophie du Langage : Franco Lo Piparo (Professeur émérite de Philosophie du Langage à l’Università degli Studi di Palermo)
14h30 — Catherine Filippi-Deswelle (Université de Rouen Normandie, ERIAC), Introduction
Session 1
Présidente de séance : Catherine Filippi-Deswelle (Université de Rouen Normandie, ERIAC)
14h45 — Lionel Dufaye (Université Gustave-Eiffel, LISAA), « Du domaine naturel au domaine notionnel »
15h15 — Discussion
15h30 — Dominique Ducard (Université de Paris-Est Créteil, CÉDITEC), « Les chemins du graphe »
16h00 — Discussion
16h15 — Pause
Session 2
Président de séance : Francesco La Mantia (Université de Palerme)
16h30 — René Lew (psychanalyste et praticien hospitalier), « Came et récursivité, Topologie de l’énonciation »
17h00 — Discussion
17h15 — Laurent Danon-Boileau (Université Paris-Descartes, linguiste et psychanalyste), « Notion, énonciation, co-énonciation : le parti que la clinique analytique peut tirer de certains concepts culioliens »
17h45 — Discussion
Dîner avec les intervenants
Vendredi 29 novembre 2024
9h15 — Accueil des intervenants et des personnes inscrites au colloque
Session 3
Président de séance : Lionel Dufaye (Université Gustave-Eiffel, LISAA)
9h30 — Jean-Pierre Descles (Université Paris Sorbonne, mathématicien et linguiste), « La formalisation de la linguistique et Antoine Culioli »
10h00 — Discussion
10h15 — Christine Copy (Université Gustave-Eiffel, LISAA), « Du formulaïque aux formes : une lecture culiolienne des signes par convention »
10h45 — Discussion
11h00 — Pause
Session 4
Président de séance : Dominique Ducard (Université de Paris-Est Créteil, CÉDITEC)
11h15 — Lucie Gournay (Université de Paris-Est Créteil, IMAGER), « Regard culiolien sur la traduction neuronale »
11h45 — Discussion
12h00 — Francesco La Mantia (Université de Palerme), Mise en perspective et clôture du colloque
Déjeuner avec les intervenants