Transdisciplinarité et transformation : une perspective systémique

À l’heure des nécessaires transitions socio-environnementales (gestion des biens communs, réduction du bâti et des trafics, régénération des sols, dépollution, etc.), il paraît vital de croiser les perspectives et les disciplines scientifiques, sans exclusive, en vue de solutions à la fois collectives, concertées et concrètes. Autour de Jay Forrester (MIT) puis de Donnella et Dennis Meadows — co-auteurs, en 1972, du fameux Les limites à la croissance (dans un monde fini) — les années 1970 ont vu nombre de recherches en appeler à l’essor d’une approche transdisciplinaire dite systémique pour de tels problèmes multifactoriels. En France, ce furent essentiellement les travaux de Ludwig von Bertalanffy, Herbert Simon, Joël de Rosnay, Edgar Morin et Jean-Louis Le Moigne qui furent relayés. Or, cette approche a finalement surtout essaimé dans les sciences de la matière, de la vie et de l’ingénierie.

Aujourd’hui, un nouvel élan semble pouvoir être donné à cet appel systémique à une reconnexion entre les sciences. En étant davantage attentif à l’humain ainsi qu’à la forte hétérogénéité des facteurs, il s’agit notamment de donner un poids plus grand aux sciences de l’homme et de la société. Inspirés, entre autres, des méthodes de recherche-action et de démocratie participative, les chercheurs de Open University (Royaume-Uni), dont Ray Ison et Ed Straw, sont à la pointe dans ce renouvellement des approches systémiques.

Notre invitée, Houda Khayame, appartient à une jeune génération de chercheurs formés à cette école. Elle incarne une nouvelle vision, plus inclusive et plus proche du terrain, des pratiques comme des résultats concrets qu’on peut espérer : la Pensée Systèmes en Pratique (Systems Thinking in Practice – STiP). À l’occasion de sa venue exceptionnelle en France pour la Semaine des transitions de l’université de Rouen Normandie, tous les étudiants comme tous les enseignants et chercheurs de Rouen et d’ailleurs — en particulier en sciences humaines, sciences sociales, lettres, langues ou humanités — ont une occasion unique de l’entendre et de prendre la mesure de cette proposition d’une nouvelle pratique aussi bien pour les études, la recherche, l’action concrète, urgente et responsable dans la société que pour une articulation viable entre toutes ces activités.

Résumé de la conférence

Dans le monde de l’Anthropocène où la quête de soutenabilité devient pressante, la pratique de la recherche exige de plus en plus des transformations qui opèrent à plusieurs niveaux et dans plusieurs contextes. Les différentes traditions de la Pensée Systèmes en Pratique, leurs praxis, les concepts qui les composent et les techniques, outils et méthodes qu’elles utilisent sont tous à la disposition des chercheurs transdisciplinaires pour enrichir leur propre répertoire et opérer des transformations systémiques. Cette conférence explore comment la transdisciplinarité et la transformation peuvent être comprises et mises en œuvre. Un thème central est la distinction entre la production des connaissances transdisciplinaires (appelée ici tradition systématique) et la mise en œuvre des connaissances transdisciplinaires (appelée ici tradition systémique). 

Conférence exceptionnelle organisée avec le soutien de l’institut T.URN et de l’ERIAC (UR 4705).

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